Artiste britannique qui exerce depuis le Danemark, Matthew Simmonds dessine la lumière, sculpte la pierre en même temps qu’il matérialise l’histoire et ses manifestations architecturales.
Découvert via le #matthewsimmonds sur Instagram, nous avons souhaité discuter de ses débuts, ses inspirations et son intérêt pour l'architecture et l'histoire.
La passion de la pierre
Ce passionné d’histoire médiévale et sculpteur sur pierre diplômé se plaît à représenter des architectures fictives inspirées de ses repères historiques et géographiques. Selon l'artiste,
« À l'époque médiévale, les bâtiments étaient conçus par des constructeurs et des artisans plutôt que par des designers, contrairement à la Renaissance ou au-delà. Je pense que pour cette raison, les bâtiments sont plus organiques, et il y a un lien plus fort entre la pierre dont ils sont composés et leurs concepteurs. »
De l’Angleterre où Matthew Simmonds grandit, il retient l’architecture gothique [et néo-gothique] et ses pierres calcaires qui façonnent son regard. « Je me rappelle encore demander à ma mère de me déposer à la Cathédrale de Canterbury le temps qu’elle fasse les courses en centre-ville », raconte-t-il.
De l’Italie où il étudie puis travaille par la suite, il conserve un goût prononcé pour l’architecture romane parée de marbre blanc. « Je travaille presque exclusivement à partir de ces deux types de pierre que je ne retrouve d’ailleurs pas au Danemark, remarque Matthew Simmonds, il m’arrive donc régulièrement de retourner en Italie pour faire le plein de pierres à sculpter. »
Espace et lumière
Matthew Simmonds débute dans la restauration de plusieurs grands monuments nationaux anglais dans les années 1990, après la découverte en 1989 d’une exposition sur les tailleurs de pierre présentée dans la cathédrale de Chichester. « J'ai eu une sorte d'épiphanie et c'est à ce moment-là que j'ai compris ce que je voulais faire de ma vie, se rappelle-t-il, mais je ne pensais pas encore à l'art. »
Ce n'est que 10 ans plus tard, installé à Pietrasanta en Italie et entouré d’une grande communauté de sculpteurs, qu'il réalise sa première œuvre : Windows 99. La même année, il se voit récompensé pour Hidden Landscape en remportant le premier prix du concours symposium de Sculpture de Vérone. « Je me rappelle avoir livré une œuvre aux formes très abstraites qui relevaient davantage de mon imaginaire que d’un bâtiment aux dimensions réalistes. »
Son inspiration, il la puise notamment dans l’architecture sacrée « dont les réalisations créatives sont les plus élevées qui aient pu être réalisées » en termes d’utilisation de l’espace et de la lumière. « Il se passe quelque chose de l’ordre du divin dans la manière dont la lumière vient définir les objets », commente-t-il.
À la croisée des époques
Si Matthew Simmonds confie ainsi ne pas être adepte d’architecture moderne et contemporaine - pour les principes de conception fonctionnalistes ou l’emploi des matériaux notamment, il concède toutefois un apport de clarté dans l’utilisation de l’espace et de la lumière dû à la simplicité des formes de certaines réalisations contemporaines à l'image de celles du danois Jørn Utzon, le japonais Tadao Ando ou encore le célèbre sino-américain Ieoh Ming Pei, décédé l'an passé.
Des travaux dans lesquels l’artiste a d’ailleurs pu puiser son inspiration pour des sculptures - Solaris, Interrupted View, The Passage - réalisées plus récemment, et qui mélangent influences contemporaines, formes architecturales très anciennes et formes abstraites trouvées dans les carrières de marbre de Carrare.
Ses œuvres sont à retrouver sur son site et dans le cadre d’expositions collectives, notamment organisées au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne, au Danemark, en Chine, aux Émirats arabes unis, en Australie et aux États-Unis.
L'article était initialement publié le 19 mars 2020, à 6h20.
- Hidden Landscape II, 2019 - details © Matthew Simmonds
- Tetraconch II, 2019 © Matthew Simmonds
- Ringrone © Matthew Simmonds
- Muqarnas Study, 2016 © Matthew Simmonds
- Gothic Stone, details © Matthew Simmonds
- Tivoli, 2007 © Matthew Simmonds
- Rotunda, 2007 © Matthew Simmonds
- White Space, 2019 © Matthew Simmonds
- Trilogy I, details © Matthew Simmonds
- Windows 2017 © Matthew Simmonds
- Hidden Lanscape, 1999 © Matthew Simmonds
- The Passage, 2003 © Matthew Simmonds
- Exedra, 2018 © Matthew Simmonds