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La ville dans la campagneComment les réflexions sur la ville, l'aménagement du territoire et l'architecture sont-elles abordées dans la campagne présidentielle ? En prévision des résultats du 24 avril prochain, les principaux candidats se sont imaginés revêtir le costume de chef d'État pour répondre à cette épineuse question.*
© marc chesneau
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Mardi 8 février se tenait la présentation des résultats à la consultation citoyenne Comment construire des villes plus durables, pour tous ? proposée par l’Université de la Ville de Demain, la Fondation Palladio et la plateforme Make.org. À cette occasion, les principaux candidats à l’élection présidentielle de 2022 ont été conviés à présenter leur vision et propositions de réformes politiques, économiques et sociales en termes d’aménagement des villes et du territoire. Retour sur les mesures annoncées et la vision de chacun des candidats et partis politiques respectifs en la matière.

Yannick Jadot, EELV : conditionner les politiques publiques à la défense du climat

Pour le candidat écologiste Yannick Jadot (Europe Écologie Les Verts), les villes se trouvent au cœur des réflexions menées pour «transformer les défis auxquels nous sommes actuellement confrontés, en opportunités». «Cela passe notamment par la question essentielle de la densification des villes, assure le candidat. [Dès lors], comment construire dans les villes avec les préoccupations de “plus de nature’’ qui nous anime ?» Pour Yannick Jadot, l'écologie doit conditionner l’ensemble des politiques publiques par une évaluation systématique de leur impact sur le climat.

Aussi, le candidat avance-t-il la proposition d’investir 100 millard d’euros par an dans la rénovation du logement, ce qui permettrait une création de près de 100 000 emplois dans le bâtiment tout en proposant un ré-ancrage de l’activité économique. Ce dernier évoque également l’importance de la construction massive de logements sociaux tout en continuant à encadrer les loyers pour faire du logement un bien accessible à tous. Enfin, le candidat écologiste mise sur les modes de mobilité collectifs à savoir le train ainsi que l’incitation à la pratique du vélo dès l'adolescence.

Anne Hidalgo, PS : Préférer la ville désirable à la ville durable

À la ville durable, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol présent au nom d’Anne Hidalgo (Parti Socialiste), préfère l’expression de «ville désirable». Il oppose la fonctionnalité des villes à leur convivialité qu’il faut, selon lui, réintroduire dans nos espaces urbains inclusifs pour leurs habitants comme pour la nature.

Ce dernier mise tout à la fois sur un modèle de ville abordable en termes d’emplois attractifs que d'une ville fluide capable de développer une série d’outils pour circuler à ses citoyens, depuis les transports en commun jusqu’à l’incitation économique à l’achat de voitures électriques. Il met enfin l'accent sur l'importance de la confiance accordée à chaque citoyen, à la coopération entre les villes et les campagnes et le développement de nouvelles normes. Celles-ci devraient répondre à une forme de déconcentration des pouvoirs et compétences — et non de décentralisation — et permettre de repenser la temporalité de leur mise en œuvre, plus adéquate avec les besoins de réformes.

Emmanuel Macron, LREM : rendre la ville abordable pour tous

Olivier Klein (La République En Marche!), maire de Clichy-sous-Bois et président de l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), était lui présent pour représenter la majorité présidentielle. Pêle-mêle, l’élu a évoqué l’importance de l’accès aux services publics, la mise en place d'une école inclusive, les réflexions sur la mobilité et la lutte contre les déserts médicaux qui constituent les priorités portées par le président de la République. Pour lui, il est essentiel de «redonner l’envie et la possibilité d’habiter dans la ville et renforcer le lien entre les territoires, les réconcilier, au travers des intercommunalités.»

L’accès au logement abordable, la lutte contre l’habitat indigne ainsi que le parcours résidentiel constituent des réponses à renforcer selon Olivier Klein, pour répondre au processus de relégation d’une partie des Français en dehors des villes. L’élu évoque enfin l’importance portée à la construction réversible pour répondre aux besoins d’aujourd’hui et de demain.

Fabien Roussel, PCF : Démétropoliser la France

De son côté, le candidat du Parti Communiste Français Fabien Roussel porte l'attention sur le fait de «redonner de la dignité» aux citoyens par le travail. Dans cet objectif, les offres d'emploi doivent être mieux réparties sur le territoire, dans les communes de toutes tailles et non seulement autour des métropoles. Pour ce faire, Fabien Roussel entend «démétropoliser la France» et revaloriser les 35 000 communes qui ponctuent le territoire.

Fabien Roussel envisage un vaste plan d'investissement dans le logement, ce qui comprend des enjeux de développement de filières françaises, de formation et de réhabilitation de bâtiments. Il rappelle également le rôle des transports, des services publics et des commerces dans la revitalisation de nos régions délaissées. Il envisage enfin de rendre gratuit les transports collectifs, de renforcer l'accès sport et à la culture pour tous, d'alléger les normes et d'accorder davantage de pouvoir aux communes pour les élus locaux, ceux qui sont «au plus proche du terrain».

Valérie Pécresse, LR : donner plus de libertés aux territoires

Au nom de la candidate Les Républicains Valérie Pécresse, le Président du conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand porte le projet de «République des territoires». Un projet de société qui a pour ambition de mener un réaménagement du territoire en profondeur pour envisager une répartition plus équilibrée des missions et libertés entre les métropoles, villes moyennes, centre-bourgs et territoires ruraux.

«La question du logement est une bombe à retardement, estime-t-il. Si nous ne construisons pas suffisamment de logements – et pas seulement dans les zones tendues - elle va nous exploser à la figure.» En réponse à ce constat, ce dernier propose de construire 500 000 logements par an, qui dans un premier temps, permettraient de rattraper le retard accumulé ces dernières années et s'octroyer une marge pour répondre aux besoins à venir.

À partir de la crise des gilets jaunes puis de la crise sanitaire, l'élu détermine d'autres problématiques auxquelles le parti Les Républicains souhaite s'attaquer : l'emploi et la question de la réindustrialisation du pays, l'inégalité face à l'accès au numérique — les zones blanches qu'il promet de faire disparaître au plus vite, l'inégalité dans l'accès aux infrastructures de transports — dont les lignes de train régionales font parties et qu'il se propose de relancer en priorité — ou encore la sécurité dans les espaces urbains.

Marine Le Pen, RN : habiter, se nourrir, se déplacer, se chauffer

«Habiter, se nourrir, se déplacer, se chauffer», telles sont les priorités défendues par le député européen Hervé Juvin, présent au nom de Marine Le Pen (Rassemblement National). À partir des récentes inquiétudes exprimées par la population face à l'augmentation des prix des biens de première nécessité et y compris de l'énergie, l'élu soulève la lente précarisation et marginalisation d'une partie de la population française dû, selon lui, à la mise en place de politiques publiques de défense de l'écologie imposées de manière punitive — comme le sont les ZFE, zones à faibles émissions et qu'il qualifie de «Zones à forte exclusion sociale».

Au contraire, selon lui, il faut «rendre désirable ce qui est nécessaire» y compris dans les domaines de la transition écologique et énergétique. Il invite ainsi les pouvoirs publics à se ressaisir des politiques autour du logement, à réinvestir dans les centre-bourgs, à rénover les logements anciens, à relocaliser l'activité et investir dans la formation et l'artisanat, à taxer le capital mobile et favoriser la transmission du patrimoine.

«Le pays sort d’une longue époque de désaménagement du territoire, déclare-t-il. Nous défendons le localisme, ce qui doit se traduire par une politique de réaménagement du territoire» avec en ligne de mire selon Hervé Juvin, «la vie de quartier [qui] doit reprendre tout son sens». Car selon l'élu, «Le quartier est ce qui reste en commun à des gens qui n’ont plus rien en commun».

Monsieur Jean-Luc Mélenchon pour La France Insoumise et Monsieur Éric Zemmour, tous deux candidats à l'élection présidentielle, n'ont pas répondu présent à l'invitation lancée par l’Université de la Ville de Demain.

* L'article, initialement publié le samedi 12 février 2022, a été modifié le 16 février pour ajout d'une précision concernant l'absence des représentants de certains candidats.

Marie Crabié
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