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CinémaLa mégapole fantasmée ou entièrement déboussolée, l'extravagance d'une demeure ou son esthétique poétique, la critique d'une époque ou sa sublimation : le cinéma s'empare et réinvente l'architecture comme autant de mises en scène de réalités politiques, sociales et spatiales. Tour d'horizon en 10 films incontournables.
Les Espaces d’Abraxas, construits par Ricardo Bofill à Noisy le Grand ont servi de décor à de nombreux films parmi lesquels Brazil, Hunger Games ou encore Qui a tué Pamela Rose ? © Marcus (CC BY-SA 2.0)
Les Espaces d’Abraxas, construits par Ricardo Bofill à Noisy le Grand ont servi de décor à de nombreux films parmi lesquels Brazil, Hunger Games ou encore Qui a tué Pamela Rose ? © Marcus (CC BY-SA 2.0)
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Débouler dans un rêve partagé où la ville et ses repères semblent entièrement renversés, vous projeter dans les soirées mondaines des années folles et leur esthétique Art Déco ou encore repasser sur le parvis de Notre-Dame, avec ses touristes et sa flèche, ça vous paraît dément ? Le cinéma l’a fait ! De Mon Oncle à Gatsby le Magnifique en passant par Inception et Fenêtre sur cour : découvrez notre sélection de créations cinématographiques qui mettent l’architecture en scène pour un voyage au cœur de l’imagination.

Sciences-Fiction

Metropolis par Fritz Lang, 1927

Réalisé par l’allemand Fritz Lang et sorti une première fois en salle en 1927, Metropolis projette le téléspectateur dans une mégapole futuristique organisée par castes. Aux gratte-ciel art déco, se mêlent ainsi autoroutes, jardins suspendus et Tour de Babel reproduits à l’aide de modèles réduits, trucages et décors. Au sommet de l’échelle sociale et de la ville, les plus fortunés se prélassent dans d’immenses villas, aux jardins luxuriants tandis que la majorité de la population dort, travaille et survit dans les profondeurs de la terre.

Cet équilibre fragile se trouve pourtant bouleversé lorsqu’un savant invente une femme-robot qui exhorte les opprimés à se révolter. À l’origine long de 3h30, le film a rapidement été remonté et raccourci pour finalement être projeté dans les années 1950 dans une version d’1h58. Restaurée, la version originale du film est disponible depuis 2010.

Brazil par Terry Gilliam, 1985

Dystopie complètement barrée réalisée par l’americano-britannique Terry Gilliam en 1985, Brazil raconte l’histoire de Sam Lowry, un bureaucrate innocent qui, en essayant de corriger une erreur administrative, se retrouve en position d’ennemi de l’État. Habitant d’une cité-dortoir misérable au cœur d’une ville rétro-futuriste bureaucratique où tuyaux et pompes géantes se mêlent les uns aux autres dans un chaos infernal, il est alors traqué par les autorités tandis qu’il s’échappe par la rêverie, dans un monde de héros romantiques.

Au programme : accidents, coïncidences et allusions nourrissent un récit, si non structuré, du moins riche en références au premier rang desquelles le monde totalitaire que décrit Georges Orwell dans son chef d’œuvre 1984. Mention spéciale pour les Espaces d’Abraxas de Noisy-le-Grand où la plupart des scènes urbaines ont été tournées, comme pour À mort l’arbitre, Mais qui a tué Pamela Rose ? ou encore Hunger Games.

Drame

Le Mépris par Jean-Luc Godard, 1963

Réalisé par Jean-Luc Godard en 1963 et adapté du roman éponyme d’Alberto Moravia, Le Mépris rapporte le quotidien du couple que forment le scénariste Paul Javal et sa femme, en apparence uni. L’intrigue prend place au cœur de la villa Malaparte — du nom de l’écrivain italien Curzio Malaparte, construite par l’architecte Adalberto Libera à flanc de falaise à l’est de Capri, en Italie.

Parallélépipède de maçonnerie rouge encastré dans le rocher, la villa est surtout connue pour son aspect extérieur entaillé par un monumental escalier en pyramide inversée conduisant au toit-solarium qui se déploie sans balustrade. L’accès à la propriété lui, n’est possible qu’à pied ou par la mer, grâce à un escalier taillé dans le roc qui rejoint une estacade. De quoi nourrir les fantasmes cinématographiques en tous genres.

Gatsby Le Magnifique par Baz Luhrmann, 2013

Au printemps 1922, l’écrivain Nick Carraway décide de s’installer à New-York, dans la ville fictive de West Egg. Au cours de soirées mondaines qui se tiennent au cœur du manoir d’un mystérieux magnat nommé Jay Gatsby, il découvre bientôt le «relâchement des mœurs» et les excès en tous genres de la haute aristocratie américaine. Le tout dans une ambiance Art Déco typique des années folles, synonyme d’insouciance et de légèreté après la guerre.

Amours déchus, argent et illusions : Nick Carraway témoigne d’une société faite d’arrangements, de frustrations et de mensonges qu’il décrit dans un récit à la fin tragique. Réalisé en 2013 par l’australien Baz Luhrmann, Gatsby Le Magnifique est une adaptation du roman éponyme de F.Scott Fitzgerald paru en 1925. Une première adaptation avait déjà vu le jour en 1974.

Parasite par Bong Joon-ho, 2019

Palme d’or du Festival de Cannes en 2019, Parasite est une comédie noire réalisée par le sud-coréen Bong Joon-ho. Il y met en scène la famille Ki-Taek établie à Séoul, qui, sans-le-sou, vit dans un taudis en sous-sol dans un quartier pauvre de la ville. Alors que le fils décroche un petit boulot qui consiste à donner des cours particuliers à la jeune fille de la — riche — famille Park vivant sur les hauteurs de la ville, de nouvelles opportunités professionnelles se dessinent pour les Ki-Taek.

Sous-sol, niveau de la rue, rez-de-chaussée, premier étage : dans Parasite, les «couches» de la ville et des demeures respectives des deux familles, se superposent sans cesse. Les nombreux escaliers, l’ascension et la descente des personnages, également très présents au cours du récit permettent enfin de mimer leurs déplacements sur l’échelle sociale. À savoir que la maison de la famille Park — imaginée par un architecte fictif dans le récit — a été entièrement construite pour le tournage.

Comédie

Mon Oncle par Jacques Tati en 1958

L’oncle, c’est M.Hulot pour le petit Gérard. M. Hulot est un personnage que l’on pourrait qualifier de rêveur et qui habite dans un quartier populaire de la banlieue parisienne. Le petit Gérard de son côté, vit dans une villa moderne et luxueuse, avec ses parents M. et Mme Arpel.

L’architecture ici, sert de représentation contrastée entre deux formes d’habitats absurdes, d’un côté la maison-labyrinthe de M.Hulot, de l’autre, la maison moderne extravagante de la famille Arpel. Une constante dans les films du franco-italien Jacques Tati, qui à l’aide de ces bâtiments fictifs qui servent de décor à Mon Oncle sorti en 1958 ou encore Playtime sorti en 1967, aborde de manière ludique et critique la vision moderniste qui se développe alors dans la France de l’après-guerre.

The Grand Budapest Hotel par Wes Anderson, 2014

Réalisée par l’américain Wes Anderson, la comédie dramatique The Grand Budapest Hotel relate l’histoire de M. Gustave H. Concierge et «homme aux clés d’or» à l’hôtel Grand Budapest situé dans le pays imaginaire de Zubrowka en période d’entre-deux guerres, il veille à ce que les désirs de ses hôtes et de sa clientèle fidèle soient satisfaits si ce n’est anticipés.

Lorsqu’il hérite d’un tableau de valeur d’une de ses clientes, ses héritiers sont prêts à tout pour le récupérer, et les ennuis commencent. De style Art Nouveau, le palace rose bonbon où se joue l’intrigue existe bel et bien : situé à Görlitz à la frontière entre l’Allemagne, la Pologne et la République tchèque, il s’agit de l’ancien grand magasin Görlitzer Warenhaus, œuvre de l’architecte Carl Schmanns s’étendant sur pas moins de 10 000 mètres carrés.

Notre Dame par Valérie Donzelli, 2019

Sorti quelques mois après l’incendie de la cathédrale, Notre-Dame de Valérie Donzelli raconte l’histoire de Maud Crayon, architecte à Paris qui remporte, «sur un malentendu», le concours lancé par la ville de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame. Entre ses responsabilités de mère, d’architecte sur ce grand chantier et sa vie sentimentale mouvementée, Maud Crayon voit ainsi son quotidien bouleversée par de nouvelles situations qui la poussent à s’affirmer.

Valérie Donzelli rejoue ainsi le drame sentimental, la charge mentale supportée par la mère, et la difficulté de s’affirmer en tant que femme architecte — notamment incarné par les jeux de pouvoir qui se jouent avec son responsable — le tout dans un contexte bien connu, entre l’île de la Cité, les rues encombrées du centre parisien et le parvis de la cathédrale (avec sa flèche).

Thriller

Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock, 1955

Plutôt film à suspense que thriller, Fenêtre sur cour de son titre original Rear Window met en scène James Stewart dans le rôle d’un photographe qui, suite à un accident, se retrouve forcé de rester chez lui en fauteuil roulant. Sa fenêtre devient alors son ouverture sur le monde, et lui permet notamment d’observer ses voisins qu’il soupçonne de meurtre. Une situation particulièrement parlante alors que, durant plusieurs mois de confinement, notre fenêtre était devenue notre seul «point de vue sur l’extérieur».

Considéré par de nombreux critiques comme l’un des meilleurs films d’Alfred Hitchcock, Rear Window figure notamment au National Film Registry, et est cité au 48e rang dans le classement des 100 meilleurs films américains établi en 2007 par l’American Film Institute.

Inception par Christopher Nolan, 2010

Sorti en 2010, Inception est un thriller américano-britannique réalisé par Christopher Nolan qui développe, dans un futur très proche, le concept de «rêve partagé». Personnage principal, Leonardo DiCaprio y est mis en scène dans le rôle d’un «extracteur» autrement dit un voleur qui subtilise des informations sensibles dans un contexte d’espionnage industriel. Son objectif : infiltrer le subconscient de ses cibles au cours du rêve partagé.

L’architecte y tient alors une place importante, de concepteur de fiction alors que la création architecturale devient, dans le film, l’une des manifestations les plus élevées des pouvoirs de l’homme sur la nature et du prestige politique, religieux ou économique.

Cet article, rédigé par la rédaction de tema.archi, a été initialement publié le 19 avril 2021 sur une plateforme en ligne à destination des agents du ministère de la Culture, à l'occasion du projet Camus qui vise à réorganiser les bâtiments de l'administration centrale du ministère.

Marie Crabié
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