Rechercher un article
Recevoir notre newsletter
L'email entré semble incorrect
Un e-mail de confirmation vient de vous être envoyé
[Retour à tema.archi]
GrèveMardi 4 février 2020, enseignants et étudiants en école d'architecture étaient mobilisés pour protester contre le peu de moyens investis par le ministère de la Culture dans le fonctionnement des établissements. Un mouvement soutenu par l'Ordre des architectes.
Lancer le diaporama en plein écran

À l'appel des enseignants et étudiants des écoles d'architecture, une mobilisation était organisée dans la Cour du Palais Royal à Paris mardi 4 février, alors qu'au même moment le ministère de la Culture recevait les vingt directeurs et vingt présidents des Écoles nationales supérieures d'architecture (ENSA) pour trouver une issue à la crise. L’Ordre des architectes, de son côté, annonce ce mercredi soutenir le mouvement :

«Les écoles d’architecture doivent être en mesure d’être le vivier de la recherche, de l’expérimentation et de l’innovation, elles doivent pouvoir préparer au mieux les étudiants en architecture.»

Si le ministère ne s'est pas encore prononcé officiellement, nous faisons le point sur les premières réponses apportées aux revendications portées par les instances des vingt ENSA à ce jour en grève administrative.

Contestations et premières réponses

À Paris, une centaine d'étudiants et enseignants étaient réunis le mardi 4 février dans la cour d'honneur du Palais Royal. Ils ont symboliquement jeté leurs outils de travail au sol en signe de protestation. À Rennes, les étudiants et enseignants bloquaient, de leur côté, l'Ensa Bretagne en attente des premières conclusions de la réunion qui avait lieu à Paris entre le ministère et les représentants des écoles.

 

À l'issue de cette rencontre, les premières réponses du ministère - qui nous ont été communiquées par l'enseignante et présidente en intérim du Conseil pédagogique de l'ENSA Paris-la-Villette Alessia De Biase - apparaissent faibles au regard des revendications portées par les vingt écoles. En effet le ministère aurait déclaré qu’il n’y a « aucun moyen supplémentaire à attendre », faisant ainsi face à un constat de carence de tutelle.

Toujours selon nos informations, le ministère ne se trouve à ce jour pas en mesure de donner suite aux demandes formulées par les écoles, si ce n'est de payer et contractualiser les maîtres de conférences associés. Par ailleurs, la Direction de l'Architecture et du Patrimoine (DAPA) aurait reconnu une disparité entre établissements d’enseignement supérieur sous tutelle du ministère de la Culture - tous confondus - quand les directeurs et présidents du conseil d'administration des ENSA dénoncent une rupture de l’égalité de traitement. Le bureau du collège des directeurs - qui en comprend 4 sur les 20 des ENSA - était convoqué ce mercredi matin au cabinet du ministre.

Un mécontentement grandissant

La contestation des ENSA était amorcée dès le 15 janvier par l’école d’architecture de Paris La Villette, faisant suite à la publication d'une lettre rédigée par les administrateurs des écoles adressée dès le 10 janvier au ministre de la Culture Franck Riester, et restée sans réponse.

En cause, la réforme de 2018 dont les promesses - notamment quant aux créations de postes et de transfert de compétences - n’ont pas été tenues, une précarisation continue des écoles d’architecture ou encore l’état des locaux jugé « indigne » par les directeurs d’établissement. Étudiant à l’Ensa Paris-Malaquais, Jérôme Espitalier témoigne d'un mécontentement grandissant des élèves vis-à-vis de leurs conditions d'études :

«On a de moins en moins d’espace pour étudier, de moins en moins de matériel et qui est de plus en plus en mauvais état.»

Même son de cloche à Belleville où exerce le maître de conférence Cyrille Hanappe. Selon lui, le manque d’investissement se fait sentir aussi bien au niveau des locaux et du matériel auquel ont accès les étudiants et enseignants, que du personnel. « Les contrats des intervenants sont très variables, et beaucoup sont très précaires. Il y a aussi beaucoup de postes vacants, un manque d’embauches et de remplacements » appuie-t-il. Le 30 janvier 2020, AMC revenait notamment sur le détail de cette protestation.

Les soutiens à la mobilisation

Si plusieurs organisations syndicales se portent solidaires du mouvement, l’Union nationale des étudiants en architecture et paysage (UNEAP) - organisation asyndicale - préfère quant à elle rester prudente et présentera les résultats de ses premiers travaux d’ici deux semaines. 

« Je pense qu’il y a un effet de ras-le-bol mais en l’absence de vision globale, il est pour l’instant difficile de nous positionner » avoue son président Max Brouwer, qui annonce la réunion prochaine du Collège des Étudiants à Grenoble pour affirme-t-il, « travailler et rendre des propositions concrètes ». Et Max Brouwer d'ajouter :

«Si le ministère a ses torts, il me semble trop simpliste de l’accuser de tous les maux dans nos écoles aujourd’hui. Il y a aussi eu des négligences au niveau de certaines administrations* et directions. C’est pour cette raison que nous souhaitons livrer un travail de fond avant de nous prononcer.»

*L'article, initialement publié le 5 février 2020 à 12h40, a été mis à jour ultérieurement, avec ajout dans la citation de Max Brouwer, des mots : "administrations [et]".

Marie Crabié