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ÉvénementÀ l'occasion des 50 ans de son classement au titre des Monuments Historiques, le Palais idéal renouvelle sa programmation culturelle à travers une série d'expositions qui se succèderont tout au long de l'année, ainsi qu'une nouvelle identité visuelle entre modernité et patrimoine.
Courtesy Palais idéal du facteur Cheval - Photo :  Frédéric Jouhanin © Frédéric Jouhanin, Palais idéal du facteur Cheval
Courtesy Palais idéal du facteur Cheval - Photo : Frédéric Jouhanin © Frédéric Jouhanin, Palais idéal du facteur Cheval
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10 000 journées. 93 000 heures et 33 ans d’épreuves. Ainsi peut se résumer l’œuvre architecturale laissée par le facteur Cheval dans le petit village de Hauterives, en Drôme des Collines : son Palais idéal.

À l’occasion des 50 ans de son classement au titre des Monuments Historiques, le Palais idéal renouvelle sa programmation culturelle à travers une série d’expositions qui se succèderont tout au long de l’année, ainsi qu'une nouvelle identité visuelle.

Construire son palais rêvé

Ferdinand Cheval décède le 19 août 1924, avec en tête son rêve devenu réalité : la réalisation de son palais féérique, et de son propre tombeau. Certain du génie de son œuvre, le facteur Cheval a déjà construit sa vie comme une légende, et fait certifier « sincère et véritable » la version définitive de sa biographie deux jours avant sa mort.

Courtesy Palais idéal du facteur Cheval - Photo : Frédéric Jouhanin © Frédéric Jouhanin, Palais idéal du facteur Cheval

Une vie qui aurait pu se résumer aux tournées piétonnes quotidiennes du facteur, qu’il réalisa pendant 29 ans dans toute la région s’il n’avait, un jour « accroché un obstacle qui faillit [ le ] faire tomber » : une pierre. L’histoire commence avec une pierre « de forme si bizarre » qu’il l’a mit dans sa poche « pour l’admirer à [ son ] aise ».

Une pierre qui, lorsqu’on la découvre en taille réelle, ne semble pouvoir entrer dans la poche d’aucun homme, sinon celle d’un grand rêveur comme le facteur Cheval, « un pauvre fou », « un idiot qui remplit son jardin de pierres » comme il se plut à l’écrire en 1905 dans une lettre adressée à un journaliste du quotidien Le Matin.

De cette pierre « travaillée par le seaux (sic) et endurcie par la force des temps », découle toute l’obstination du facteur à construire son Palais idéal. « Je me suis dit : puisque la nature veut faire la sculpture, moi, je ferai la maçonnerie et l’architecture. »

Écrire sa propre légende

La journée, il parcourt ses 30 kilomètres quotidiens et repère les pierres et les coquillages croisés sur son chemin. Le soir, il sillonne la campagne accompagné de sa « fidèle » brouette pour récupérer son butin et construire, « à la nuit close, quand le genre humain repose », son palais rêvé.

Courtesy Palais idéal du facteur Cheval - Photo : Frédéric Jouhanin © Frédéric Jouhanin, Palais idéal du facteur Cheval

À l’aide de chaux et de mortier, il assemble alors ses trouvailles autour d’une armature métallique. 26 mètres de longueur, 12 mètres de largeur en moyenne pour une hauteur de 8 à 10 mètres : Ferdinand Cheval consacrera 33 ans de sa vie à l’ouvrage et d’attester « de mes peines nul ne saura jamais. »

À partir des nombreux écrits que laisse le facteur Cheval à sa mort, s’écrit l’histoire du palais aussi bien que celle du facteur. Chacune de ses inspirations, depuis les références religieuses - des héros bibliques comme Ève et le serpent ou Gilles et la biche - jusqu’aux figures des trois Géants identifiées comme Jules César, Vercingétorix et Archimède ou les représentations d'animaux et sculptures « des temps primitifs », révèle la curiosité d’un homme peu instruit, si ce n’est curieux du monde.

Courtesy Palais idéal du facteur Cheval - Photo : Frédéric Jouhanin © Frédéric Jouhanin, Palais idéal du facteur Cheval

Mais où alors, un homme qui n’eût pas le loisir de voyager en son temps, trouva-t-il son inspiration ? « On suppose que Ferdinand Cheval découvrit le monde à travers les cartes postales qu’il distribuait dans toute la région » explique Frédéric Legros, fraîchement nommé directeur du Palais.

Le facteur Cheval nourrit son imaginaire d’illustrations mais aussi de ses nombreuses lectures, « les inscriptions sur le bâtiment en arabe laissent penser que le facteur aurait tenter d’apprendre la langue pendant un temps » poursuit le directeur. Son passé de boulanger, avant d'être facteur, aurait également joué un rôle dans sa technique de pétrissage de la chaux.

Le premier exemple d’architecture naïve

Courtesy Palais idéal du facteur Cheval - Photo : Frédéric Jouhanin © Frédéric Jouhanin, Palais idéal du facteur Cheval

Plus que l’œuvre d’un seul homme, le palais idéal représente le premier exemple d’architecture naïve reconnu en 1969 par André Malraux, alors ministre de la Culture, au titre des Monuments Historiques. Loin d’être évident, ce classement suscite de vives polémiques tant le monument est jugé « hideux par de nombreux experts ne cachant pas leur mépris pour son créateur ».

À l’inverse, il est admiré par de nombreux surréalistes qui s’en inspirèrent dès les années 1930 à l’instar d’André Breton, Gertrude Stein ou encore Pablo Picasso.

Courtesy Palais idéal du facteur Cheval - Photo : Frédéric Jouhanin © Frédéric Jouhanin, Palais idéal du facteur Cheval

Récemment honoré dans les travaux d’une jeune génération d’artistes français comme Aurélien Froment en 2014 ou Laure Prouvost en 2019, le facteur Cheval est désormais célébré par Fabrice Hyber.

Les 50 ans du classement du monument sont ainsi l’occasion pour l’artiste français de présenter un ensemble de dessins inspirés de l’histoire de Ferdinand Cheval, mêlant son passé de boulanger à son génie de construction.

L’art contemporain s’installe aussi dans l’ancienne bâtisse du facteur où l’exposition « Le vent et les oiseaux m’encouragent » est présentée jusqu’au 5 janvier 2020.

Ali Cherri, The Melancholy of Birds B, 2017 Courtesy de l’artiste et galerie Imane Farès, Paris

Elle fait écho à l’observation minutieuse de la nature par le facteur, qui lui permit d’imaginer des espaces oniriques et utopiques où formules poétiques, se mêlent à des reproductions d’édifices religieux, des animaux et des créatures légendaires. 

Les artistes Ali Cherri, Rebecca Horn, Kate MccGwire et Jean-Luc Mylayne représentent ainsi à leur manière, « ce rêve qui a traversé toutes les cultures et les âges : s’élever, être léger, se laisser porter par les vents. »

Marie Crabié
Dans l'agenda
Du samedi 14 septembre 2019 au dimanche 5 janvier 2020
Le vent et les oiseaux m'encouragent
Le Palais Idéal du Facteur Cheval
8 Rue du Palais, 26390 Hauterives
À l’occasion des 50 ans de son classement au titre de Monuments Historiques, le Palais Idéal renouvelle sa programmation culturelle et présente l’exposition « Le vent et les oiseaux m’encouragent » jusqu’au 5 janvier 2020.