Alissia et Caroline sont confinées à Rome, Thaïs dans une chambre d'hôtel 3 étoiles, Léna en centre-ville de Saint-Brieuc : chacune ont accepté de nous partager graphiquement les évolutions des usages qu'elles font de leur logement, en cette période inédite de confinement :

« Nous sommes deux à vivre dans cet appartement briochin de 53m², raconte Léna. L'appartement se modifie plutôt au rythme de la course du soleil. On se retrouve très vite à occuper des plus petits espaces plus ensoleillés comme la cuisine. Cela dit ces grands espaces ont l'avantage de pouvoir accueillir d'autres usages, la gym, l'étendoir pour linge, la vidéo projection...»

Ses explications, Léna les a ainsi retranscrites à travers l'outils d'enquête socio-anthropologique du relevé habité. À partir d'une représentation architecturale de l'espace, la particularité de l'outils se situe dans le fait d'y ajouter les éléments de décoration et le mobilier du logement, ainsi que les usages fait de chacun des espaces.

L'appartement briochin de Léna Hinault © Léna Hinault

Le logement, un espace qui évolue

Maître de conférences à l'ENSA Nantes et docteure en urbanisme et aménagement de l'espace, Élise Roy travaille autour de cet outils dans le cadre de ses enseignements.

« Cet outils constitue un moyen simple et clair de traduire graphiquement l'idée selon laquelle le logement est un espace qui évolue en permanence, au fil de la journée, mais aussi des saisons, des périodes de vie de ses habitants. »

Plus qu'un outils théorique, le relevé habité a notamment été expérimenté dans le cadre des travaux de recherches menés par l'écrivain et architecte Daniel Pinson sur le logement populaire et les grands ensembles ou encore par la sociologue et urbaniste Agnès Deboulet qui s'est intéressée à l'occupation des médinas en Tunisie.

L'appartement d'Anaïs Lecerf © Anaïs Lecerf

Dans la lignée de leurs cours respectifs avant elle, Élise Roy utilise cet outils pour faire mesurer à ses étudiants en première année l'apport d'un tel exercice, « et qu'ils ouvrent les yeux sur les différents usages possibles d’un logement, différents modes d’habiter », précise l'enseignante.

Réfléchir à l'après

À l'heure du confinement, Élise Roy s'interroge sur les différentes réalités que la période pourrait faire advenir dans nos manières d'habiter. « Avec deux enseignantes en école d'architecture, nous avons lancé un appel à contribution auprès de nos étudiants mais aussi de nos collègues chercheurs pour travailler à l’observation socio anthropologique de nos logements en cette période un peu particulière », explique-t-elle.

Ce chantier inter-écoles lancé à la fin du mois de mars est en cours, et plusieurs étudiants se sont déjà portés volontaires. « Selon les réponses que nous aurons récoltées à l'issue du confinement, la restitution de l'enquête pourrait nous amener à en tirer de nouveaux enseignements sur la manière dont nous occupons nos logement », espère l'enseignante.

L'appartement de Caroline Vernay à Saint-Étienne © Caroline Vernay

«Peut-être que les gens vont découvrir que les espaces très ouverts sans aucune cloison ne sont pas toujours si bénéfiques au quotidien. Que l’on a besoin de pièces fermées pour pouvoir nous tenir à l’écart des autres, du bruit, du mouvement » songe-t-elle.

Toutes les contributions à cet article sont à retrouver en diaporama ci-dessous. Pour plus d'informations sur l'appel à contribution ou auto-enquête collaborative, veuillez vous tourner vers les professeurs qui en sont en charge via mail : elise.roy@nantes.archi.fr, margaux.darrieus@paris-malaquais.archi.fr ou julie.gangneux-kebe@rennes.archi.fr.